1. MISE EN CONTEXTE
1.1. Cadre physique et humain
Le
recensement général de l’agriculture (RGA) de 2008/2009 fait état de
l’existence dans le pays d’un million d’exploitations agricoles pour une
superficie agricole utile (SAU) totalisant environ 950,000 hectares ; à
peu près trois quart de ces dernières ont une superficie inférieure à un (1)
hectare. Parmi les exploitants agricoles, les femmes représentent 22%. L’activité
agricole occupe 53% de la population résidente du milieu rural, sans compter
une bonne partie de la population évoluant dans les milieux urbains.
1.2. Facteurs de production
Ils
sont caractérisés notamment par :
- une tendance très poussée de morcellement des exploitations, ce qui a rapport, entres autres, avec un trait culturel (par exemple à la mort du parent chef de l’exploitation, l’option la plus souvent envisagée est le partage des terres);
- un ratio population agricole active/ population décroissant (exode rurale, émigration, capital humain vieillissant non renouvelé);
- un potentiel irrigable de 110,000 hectares sous exploité ;
- des faiblesses technologiques, contraintes techniques et système outillage traditionnel désuet…;
- des investissements faibles, accès au crédit limité, faible accès aux intrants;
En résumé, le potentiel agricole demeure sous exploité, ce qui implique une faible productivité et des productions limitées.
2. IMPORTANCE SOCIO-ÉCONOMIQUE
En 2011, le secteur agricole représentait 27%
du PIB, un pourcentage qui est passé à 24% en 2015 et à 21% PIB en 2016 (source
BRH). Le bilan 2013-2014 du MARNDR a montré que l’agriculture haïtienne fournit 44.6% des emplois dans le pays et
62.6% en milieu rural. Sa part dans le bilan alimentaire du pays est de 42 % et
de 48% respectivement en 2008 et en 2010 (CNSA, 2009, 2011). Le tableau suivant
se veut une illustration de la situation décrite.
3. STRUCTURE DES PRODUCTIONS
3.1. Production agricole
La courbe des céréales et de l’ensemble des
productions agricoles sont en dent de scie. Une tendance retrouvée dans
l’économie en général, si l’on confronte la courbe de croissance du PIB
agricole à celle du PIB global.
Tendances des principales cultures pour la période 2014-2017
3.2. Elevage
L’élevage représente 6.4% du Produit Interne
Brut Agricole (PIBA) et 1.5 du PIB. En
2014, le cheptel est estimée à 1.9 million de têtes de caprins, 1.5 million de
têtes de bovins, 1 million de têtes de porcins. La production d’œufs était de
10 millions unités/mois contre une importation d’environ 50 millions, tandis
que celle des poulets de chair à 100,000 têtes/mois face une importation d’un
million.
3.3. Aquaculture/Pêche
En 2012 la production annuelle était de 17 220
tonnes par an, soit 50% de la demande globale du pays. De cette production, 800
tonnes par an (surtout homard, poulpe et strombe géant) sont exportées à
l’étranger pour une valeur d’environ 10 million US$.
4. TENDANCE DE LA PRODUCTION NATIONALE
La figure suivante montre que de 2000 à 2016 l’économie
agricole a une allure en dent de scie et suit la même tendance que l’économie
globale.
Il y a un premier constat à
faire sur la figure, les creux coïncident avec des périodes marquées par des aléas agro-climatiques ou des situations politiques défavorables au secteur agricole lequel s’en sort presque toujours affecté. En effet, en
2004 il y avait des troubles politiques, des intempéries et les bailleurs de
fonds se montraient réticents à délier les cordons de la bourse. En 2008, il y
avait une grande sécheresse et les émeutes de la faim. En 2010, on le pays
connu l’un des plus meurtrier séisme du monde, on parle de 250-300 mille
morts ; la même année, on a enregistré l’ouragan Thomas qui ont causé des dégâts
considérables dans la péninsule Sud du pays et l’émergence du choléra qui a
occasionné des réticences importantes de la part des agriculteurs à travailler
à l’intérieur des périmètres irrigués. En 2014-2015, la période électorale, les
crises politiques correspondantes, le blocage de voies d’accès sont autant de facteurs négatifs qui ont
influencé de manière défavorable le secteur agricole.
Le deuxième constat c’est que
la courbe du PIB globale épouse la même tendance. Au moins, on pourrait
conclure, ne serait-ce que partiellement, sous réserve de démonstration plus
scientifique, que chaque fois que l’agriculture affectée, on peut attendre les
conséquences sur l’économie.
En conclusion, le secteur agricole est exposé des
intempéries et dépend trop des caprices de la nature. C’est la plus importante
partie de l’économie qui livrée à elle-même, sinon qui est abandonnée aux mains
des producteurs qui ne disposent ni de la capacité ni des moyens pour préserver
les investissements et protéger leurs revenus.
5. DEFIS CONJONCTURELS ET STRUCTURELS
Les principaux défis conjoncturels et
structurels auxquels fait face le secteur agricole sont les suivants :
- l’instabilité politique
On est souvent confronté à des problèmes
politiques à résoudre ;
- Souvent des visions courtes du secteur
Il n’y
a pas eu depuis assez longtemps de grands projets d’investissements réels à
l’instar du système d’Avezac (2500 hectares) dans le Sud et plus près de nous
le système irrigué (28,000 hectares) de la Vallée de l’Artibonite relié au
barrage de Péligre. Il y a presque pas des mesures incitatives adéquates (assurances,
infrastructures de base, tarifs douaniers, commercialisation agricole, ) pour
accompagner les entrepreneurs agricoles.
Le Ministère de l’Agriculture a un énorme
défit aujourd’hui, celui relancer de manière effective l’économie agricole ce
qui ne sera pas possible dans la continuité d’un ensemble de stratégies et de
pratiques qui ne donnent pas de résultat. Il va devoir opter pour des
politiques sectorielle et sous-sectorielles en phase avec les enjeux
économiques que ce soit dans la région de la caraïbe ou ailleurs.
- La corruption qui agit comme une vermine qui ronge tous les pans de l’économie agricole et qui empêche l’aboutissement des services agricoles jusqu’aux producteurs ;
- La problématique de la contrebande qui fait au secteur une concurrence déloyale;
- Les problèmes séculaires de gestion institutionnelle (le statut quo) et de gouvernance sectorielle qui compliquent aussi la situation.
6. IDEES ET PERSPECTIVE
Quatre (4) axes d’intervention sont identifiés
en termes d’idées et de perspective. Il s’agit de:
- transformer le secteur agricole en un véritable chantier associant réellement le secteur privé (au-delà de l’agriculture familiale), l’agriculture est avant tout un secteur économique;
- établir un dialogue permanent : secteurs publics clés (MEF, MPCE, CFI,…), acteurs publics, secteur privé (consultation publique);
- rendre le secteur attrayant et attractif : installations de base, mesures incitatives, sécurisation foncière, cadre légal du secteur, combat contre la contrebande;
- développer une approche d’intervention différentiée des interventions de l’Etat.
Extrait Conférence BID/CONSOC 2018
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